Pelerinage de la 13ieme Légion d'Urgell
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 La RUSE selon Pignon

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Pignon
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MessageSujet: La RUSE selon Pignon   La RUSE selon Pignon I_icon_minitimeJeu 26 Mar - 1:23

Préambule

La ruse est un rp, un état d'esprit certes. Mais avant tout un Role Play écris et vécu a plusieurs mains. Il puise l'essentiel de ses éléments de la plateforme RR, des rp des joueurs, des inventions culturelles de ceux ci. Comme toute plateforme de jeu, celle des RR n'est pas parfaite. Ceci étant, l'idée est d'utiliser aussi bien les éléments ayant du sens que ceux n'ayant pas de sens ou des non sens,de les prendre les transformer, les transcender et enrichir le RP des royaumes.

Exemple :
L'église et le codage religieux n'étant pas complètement aboutit, il est rare de voir des Rusés religieux aristotéliciens. Non pas que le rp soit anti EA, mais bien que Ig il est difficile voir impossible de se rendre a une messe et donc ils ont développé une croyance compatible et vivable... La Boulasse est donc pour eux divine et les tavernes sont ses églises, si ils prient suffisamment dévotement, alors la boulasse qui pour eux est divine leur envoie des cadeaux grâce aux anges...

Développement


Natures

Principes

RP vs Sectarisme Hrp / différence entre la Ruse RP de Pignon et les derives sectaristes HRP d'une RUSE de LJD Effaimeyre.

Notion du gourou

Cibles

Methodes

Témoignages de victimes...

Le droit au jeu, jouer a 100%
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MessageSujet: Re: La RUSE selon Pignon   La RUSE selon Pignon I_icon_minitimeJeu 4 Juin - 10:55

Précision sur le concept de Ruse Humaine IRL.

Jeu : Transposer le texte au RR et Rp Rusé pour y trouver de nouvelles sources d'inspirations.

Citation :
Les Grecs l'appelaient la mètis , cette forme d'intelligence
particulière, qui mêle tactique et esprit de finesse. Difficile à
définir, elle est pourtant présente partout : dans l'esprit du
stratège, du chasseur ou du bricoleur...

Selon les Grecs de l'Antiquité, il n'y a pas de dieu unique qui
ordonnerait tout et aurait tout créé. Les dieux sont partout dans le
monde. Multiples, divers, ils prennent toutes les formes. Zeus est le
roi des dieux, le maître de la souveraineté sous toutes ses apparences.
La déesse Mètis fut la première épouse de Zeus. A peine fut-elle grosse
de celle qui deviendrait Athéna, déesse de la sagesse et de
l'intelligence, que Zeus l'avala, reléguant la ruse dans les
profondeurs de son ventre et accouchant lui-même de sa propre fille,
s'incorporant ainsi l'intelligence et la ruse, la mètis.

Mètis désigne cette capacité de l'intelligence qui correspond, non pas
à l'abstraction, mais à l'efficacité pratique, au domaine de l'action,
à tous ces savoir-faire utiles, à l'habileté de l'artisan dans son
métier, à son « coup de main », aux tours magiques, aux ruses de
guerre, aux tromperies, esquives et débrouillardises en tout genre.

Dans toute situation de conflit ou de compétition, la victoire peut
s'obtenir de deux façons. Soit parce qu'on est le plus fort sur le
terrain en question, soit par l'utilisation de procédés qui ont pour
but de fausser l'épreuve et de faire triompher celui qu'on croyait
battu. On peut considérer la mètis comme ce qui amène la fraude ou au
contraire, comme ce qui crée la surprise et la revanche du plus faible.
D'un côté, elle prend la figure du mensonge, de la fourberie ; de
l'autre, elle est l'arme absolue, qui assure en toutes circonstances la
victoire sur autrui. Le second caractère de la mètis, c'est qu'elle
s'exerce toujours en situation incertaine et ambiguë. Par exemple, deux
hommes s'affrontent ; à chaque instant, tout peut basculer dans un sens
ou dans l'autre mais, au cours de l'épreuve, l'homme qui a la mètis est
celui qui saura faire preuve de préméditation et de vigilance. La
mètis, c'est l'affût, l'homme qui épie pour frapper l'adversaire au
moment le plus inattendu. Epier, en grec, est un terme qui s'emploie
aussi bien à la pêche qu'à la chasse et à la guerre. En français et
dans d'autres langues aussi. Un troisième caractère qu'Homère prête à
la mètis, c'est qu'elle est toujours multiple, comme l'est Ulysse. Elle
est comme le dessin chatoyant d'un tissu, le dos moucheté et brillant
du serpent.
Vivacité et finesse d'esprit

Dernier caractère de la mètis : elle est par excellence la puissance de
la ruse ; celle qui agit sous couvert du masque. Avec elle, la réalité
et l'apparence se dédoublent et s'opposent comme deux formes contraires
pour créer l'illusion qui va tromper. Et le plus rusé de tous est bien
Ulysse, le maître des mots qui, chaque fois qu'il va prendre la parole,
fait semblant d'être incapable de prononcer un mot.

La ruse est l'intelligence pratique du navigateur, du vannier, du
charpentier, du bûcheron. Elle est l'habileté du politique, du médecin
et du stratège. Pour chacun de ceux-là, la ruse consiste à traquer la
circonstance favorable, voire à la créer. Sans doute, cette
intelligence pratique est restée longtemps en arrière-plan. Pourtant,
Platon et Aristote n'ont pas manqué d'en détailler les qualités. La
première de ces qualités consiste à savoir mettre en relation la
mobilité de l'intelligence et la rapidité d'action : c'est la finesse
d'esprit, la vivacité, l'acuité. Aristote donne l'exemple de la
sage-femme sectionnant le cordon ombilical du nouveau-né. Il s'agit,
dit-il, de la justesse du coup d'oeil, « qui ne se trompe pas sur le
but à atteindre » (1). Platon fait à ce propos référence à l'habileté
de l'archer qui tend son arc en direction de la cible. En ce qui
concerne la mètis, la justesse du coup d'oeil est aussi importante que
l'agilité de l'esprit. « Prendre pour cible » et « conjecturer » se
rejoignent en grec sur l'idée du navigateur en mer ou celle du parcours
dans le désert, là où les chemins ne sont plus tracés et où il faut
sans cesse deviner la route et viser un point à l'horizon lointain.

Pour s'orienter dans un monde de symptômes mouvants, il faut une
intelligence fluide. Le médecin est comme le pilote tenant le
gouvernail : il lui faut deviner sa route en s'aidant de tous les
signes qu'il peut reconnaître et utiliser au mieux. La connaissance
conjecturale, c'est celle qui procède par le détour d'une comparaison
qui permet de comprendre un événement inconnu à l'aide d'une
ressemblance avec un événement familier.

Avec la ruse, nous sommes en présence d'une vraie catégorie mentale,
jouant sur divers registres. Il y a de tout dans la ruse, mais jamais
de cette « fourberie » au sens de l'opinion commune aujourd'hui. Jeu de
l'esprit, de l'habileté et de l'expérience. Jeu aussi des compositions
que l'on saura opérer en fonction de ce que l'on sait et de ce dont on
dispose, en regard de ce que l'on voit, ou encore qu'on peut prévoir.
Faut-il rappeler que nous provenons d'une civilisation hellénique,
laquelle inventa le théâtre et sa manifestation supérieure : la
tragédie ? Et que dans cette tradition, l'acteur est l'« hypocrite », à
savoir celui qui joue un personnage convaincant ? Dans cette tradition,
la ruse est ce qui économise l'effort, évite la brutalité. C'est la
ruse de l'opprimé contre une domination, la ruse du citoyen contre le
pouvoir.
Une catégorie mentale

Animaux, insectes et mollusques pratiquent l'art du camouflage. L'art
de la guerre enseigne comment tirer parti d'un accident de terrain,
d'une faiblesse de l'adversaire. De même, la vie quotidienne impose à
chaque instant de tirer parti de l'événement, d'investir dans des
possibles, des virtuels. La ruse permet, face aux circonstances, de
ménager ou de créer ses propres espaces de liberté. D'où l'importance
du travail d'explicitation de la genèse du système mythique grec : les
alliances successives de Zeus fondent l'origine du monde et le poulpe
est, dans cette trame mythique, l'animal choisi par excellence : « Or
le poulpe apparaît aux Anciens comme le modèle de l'animal à mètis.
Aristote voit en lui le plus rusé des poissons, panourgotatos ;
Plutarque le donne en exemple de vigilance et d'astuce. [...] Pour les
Anciens, la mètis du poulpe tient d'abord à son pouvoir de polymorphie.
Aussi souple et fluide que l'eau où il se déplace, le poulpe épouse les
formes des rochers auxquels tour à tour il s'attache. Davantage pour
mieux se confondre avec eux et rendre sa présence invisible, il en
imite la couleur (2) . »
Comme si toujours l'humanité, soucieuse de tromper le sort, le destin,
s'était donné la ruse aux fins de maintenir, quelles que soient les
vicissitudes, l'identité sociale et culturelle des individus et des
sociétés qu'elle compose. La ruse est de la nature même du politique,
univers d'ambiguïté. Dans la société de cour, dont disserte Balthasar
Gracian (3), au sommet est le roi, représentant suprême : cause de
toutes les causes, il ne peut être lui-même représenté par un autre. On
ne peut le « mettre en cause ». Il est le mot de la fin.

Si alors la machine vient à se bloquer, il faudra trouver un discours
de ruse permettant de contourner l'obstacle. Autrement dit : sur
l'échelle des signes gravitant autour du « signe-roi », attribuer à
l'un de ces signes la responsabilité de contrevenir au système. Ce sera
un des courtisans qui, à chaque fois, sera sacrifié. Avec cette ruse de
lui renvoyer une responsabilité qui n'est pas la sienne : « La vie
humaine est un combat contre la nature de l'homme même. [...] Celui
donc qui veut se garder d'être trompé prévient la ruse de son compagnon
par de bonnes réflexions. [...] Et puis, quand son artifice est connu,
il raffine sa dissimulation en se servant de la vérité même pour
tromper. [...] Son artifice est de n'en avoir plus et toute sa finesse
est de passer de la dissimulation précédente à la candeur. [...] Celui
qui l'observe [...] déchiffre un procédé d'autant plus caché que tout y
est sincère (4) . »


Dernière édition par Pignon le Jeu 4 Juin - 10:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La RUSE selon Pignon   La RUSE selon Pignon I_icon_minitimeJeu 4 Juin - 10:56

Citation :

Rien n'est plus désarmant qu'une ruse avouée. Révéler une construction,
c'est introduire l'autre dans cette construction même et ainsi mieux le
capturer. Le raffinement consiste à se servir de la totale vérité pour
cacher une totale dissimulation : faire aimer à l'esclave l'esprit même
de son esclavage, au trompé le mode de ce qui le trompe et l'asservit.
Mais cette ruse du sujet peut aussi se retourner contre lui.
L'exploiteur devient alors l'exploité, victime du contrat de dépendance
qu'il établit. Cette ruse survit toujours dans notre monde politicien
ou administratif, univers de castes et donc de monarques locaux,
affublés de cours factices et de rationalités suspectes. Car c'est une
grande tromperie du discours que de se donner comme rationnellement
agencé, prouvé étape par étape dans son projet. Danger de la géométrie.
Ruse du lion et du renard : « Si donc un prince doit savoir bien user
de la bête, il doit choisir le renard et le lion ; car le lion ne peut
se défendre des filets, le renard des loups ; il faut donc être renard
pour connaître les filets, et lion pour faire peur aux loups (5) . »

Tout discours à ambition publique est ainsi discours de ruse : ruse de
l'innocence qu'il prétend, ruse de sa liberté invoquée vis-à-vis d'un
auditoire déterminé, ruse de poser un langage origine qui n'aurait
d'autre équivalent et de se donner encore comme assemblage de raisons à
elles-mêmes suffisantes. De toutes les ruses, cette « géométrie » est
une des plus efficientes. Car discours de règles, elle s'offre
l'opportunité de n'en point poser au départ.
Des composantes multiples

Parler de ruse revient à réhabiliter cette intelligence pratique qui,
le plus souvent, ne s'écrit ni ne se démontre, mais sans laquelle nos
sociétés ne pourraient survivre, nos pouvoirs se maintenir et nos
ingénieurs construire. Il y a des arts du savoir, du commenter ou du
faire savoir, et nous fabriquons pour cela des intellectuels comme
autrefois des moines. Il y a aussi des arts du faire qui impliquent le
geste et son prolongement la machine, et des arts du savoir-faire qui
s'apprennent en observant, en exécutant et en créant. Et selon les
lieux, des façons de valoriser l'une ou l'autre de ces familles de
l'intelligence humaine. Mais les dichotomies demeurent avec les
oppositions redoutables entre « le manuel » et « l'intellectuel », « la
connaissance » et « l'habileté ». Question de pouvoir ou de chasse
gardée, mais qui perdure. Car en vérité, si le fait majeur de
l'évolution de l'espèce humaine est le développement toujours plus
grand du cerveau et de ses dépendances nerveuses, il ne faut jamais
perdre de vue que le corps et le système nerveux forment un tout et
qu'il est tout à fait arbitraire de les séparer.

L'approche par le mythe est éclairante car la plus évocatrice de ce
travail qui fonde la pensée naturelle, l'intelligence pratique. Le
mythe travaille sur des formes, des analogies. Cette intelligence
pratique que constitue la ruse, de même, va de proche en proche. Claude
Lévi-Strauss, analysant « la pensée sauvage », souligne à quel point
cette pensée est déjà généralisatrice, donc scientifique : elle
travaille à coups d'analogies et de rapprochements, proche en cela des
astuces du bricolage ; elle produit à chaque fois du nouveau,
recombinant les éléments entre eux sans modifier la na- ture de ces
éléments (6). Cela parce qu'elle travaille sur des signes et non sur
des concepts.

L'art premier de l'intelligence pratique est celui du classement des
choses et de l'interprétation plausible des phénomènes du monde pour
peu qu'on puisse attribuer aux mêmes causes les mêmes effets. Les
signes appellent le classement pour expliquer les choses et pour ce
faire, ils convoquent les propriétés présumées des situations : « Un
chien qui aboie pendant le jour, une chambre d'accouchement où le bébé
est mort, un brasier sans feu, un conducteur qui déteste son boeuf,
font partie des choses désolantes ; dans les choses détestables, on
trouve : un bébé qui crie juste au moment où l'on voudrait écouter
quelque chose, des corbeaux qui s'assemblent et croassent en se
croisant dans leur vol, et des chiens qui hurlent longtemps, longtemps,
à l'unisson, sur un ton montant (7) ... »

L'intelligence humaine se situe entre deux extrêmes : un niveau
suffisant pour répondre aux exigences de la vie quotidienne, et un
niveau qui correspondrait aux réussites les plus brillantes. Les
composantes de l'intelligence sont multiples. Il y a d'abord une
intelligence sociale car vivre en société exige quantité de savoirs,
raisonnements et décisions. C'est l'intelligence que nous partageons et
construisons avec les autres. L'intelligence concrète ou pratique est
alors celle qui se révèle au travers de toutes nos manipulations
directes des objets, dans toutes nos conduites d'exploration ou
d'orientation dans l'espace et toutes nos opérations de classement des
choses. Dès que le petit être humain va avoir conscience de la
permanence des objets, c'est-à-dire qu'il va percevoir ces objets comme
stables au-delà des situations variées, il va les classer, les
catégoriser selon des formes, des couleurs, des usages. Rapprochements
fondés sur des signes qui vont ensuite devenir symboles d'opérations et
d'applications.

Les manifestations de l'intelligence pratique accompagnent ainsi le
lent devenir de l'humanité. Elle se construit durant des millénaires à
travers les techniques de chasse, de pêche, d'élevage, de culture, de
construction d'habitats, de moyens de transport. Elle est le produit
d'habiletés progressives dans les manipulations et de dextérités
transmises du geste puis peu à peu reproduites par les machines. S'il
fut ainsi un triomphe de l'homme dans l'histoire de l'espèce, ce fut
bien celui d'avoir réussi à transformer ce qui, à l'origine, était une
simple pince à tenir les cailloux - la main - en une auxiliaire de plus
en plus habile de ses intentions techniques, comme l'explique André
Leroi-Gourhan. Conjointement émergeaient progressivement le langage,
c'est-à-dire les premières formes de la communication codée, et plus
tard l'écriture, en même temps que s'affinaient les techniques.
Des mondes virtuels

Tout instrument est à la fois « truchement » et « traduction ». Il y a
toujours interface entre le monde naturel et le monde fabriqué. Le
langage est lui-même instrument. Il est, tel l'art du tissage,
construit d'instruments et porteur d'instruments, qui vont des réalités
aux choses et des choses aux actes de les nommer, de les manipuler. Ces
instruments, ce sont les symboles. Le symbole est ce qui unit la chose
et son action. Il est ce qui représente une chose ou une personne selon
une certaine correspondance. Etymologiquement, symbolon désigne l'objet
coupé en deux (telles les deux parties d'une pièce de monnaie qu'il
faut rassembler). Par extension, c'est la communauté séparée qu'il faut
réunir. Le sens du symbole est d'être à la fois rupture et lien entre
des termes séparés. Le plus souvent, l'origine de ce lien entre le
symbole et ce qu'il désigne demeure oubliée ; reste la relation que
nous acceptons par convention.

Cette convention est constamment retravaillée dans l'histoire de
l'humanité. Nous sommes ainsi passés, à travers les millénaires, de
différents systèmes de signes à différents systèmes de symboles, et
réciproquement. Depuis les dessins préhistoriques qui se donnent sous
forme de « signes-images », signes sans paroles, échos sans doute de
rituels, jusqu'aux idéogrammes des anciens Egyptiens, ces dessins
figuratifs qui fonctionnent comme une écriture se lisant de gauche à
droite ou de droite à gauche, ou encore ces « dessins-messages » qu'on
retrouve aujourd'hui dans la bande dessinée et qui coexistent avec nos
systèmes d'écriture ou de transcription tandis qu'ils assurent le
passage direct de l'image de la chose aux sensations, aux comportements.

La question historique est celle des niveaux choisis pour le codage et
la transcription. Un cas exemplaire de l'évolution des dispositifs de
signes est celui des cartes géographiques. La carte est un « signe
global » renvoyant à la fois à des codes issus de nos perceptions des
mers, des plaines, des montagnes, etc., qui fonctionnent dans un
rapport perceptif code-image, et à des déchiffrements d'échelles,
fondés sur des légendes de lecture. La carte est image directe et image
médiatisée. Les images que nous donnent les cartes deviennent pour nous
images du monde depuis celles des transports (bus, métro) jusqu'à ces
cartes météo que nous livre quotidiennement la télévision. Peu à peu,
nous voici accoutumés à des sortes d'anamorphoses, telles ces cartes où
les tailles des pays ne sont plus proportionnelles à leurs étendues
mais à leurs produits nationaux bruts. Le paradoxe moderne est là :
nous retrouvons les formes allégoriques de nos anciens systèmes
symboliques. On voit refleurir dans l'environnement des familles de
signes applicables à des fonctions diverses : des signes emblématiques
(le crâne sur tibias croisés : danger de mort), des signes-images (les
écritures manuelles ou typographiques), des signes corporels (le corps
et ses tatouages), des signes rituels de tribus locales (les tags).
Partout se manifeste une interpénétration des signes (ce qui marque une
trace symbolique) et des symboles (ce qui porte et véhicule une ou
plusieurs significations).

La conséquence de cela est que nous vivons de plus en plus dans des
mondes virtuels, c'est-à-dire dans des mondes de substituts ayant leurs
logiques, leurs agencements et leurs finalités propres, des mondes
fondés sur des langages composites, multimodaux, combinant écritures,
dessins, images, schémas et même bruits. D'où ces jeux d'indexations,
c'est-à-dire de catégorisations, appliqués aux situations du monde, aux
domaines de connaissances et d'actions, jouant d'images, de métaphores,
d'analogies, et qui vont fonder nos ruses ordinaires d'évitement ou de
composition vis-à-vis des codes et conventions sociales.

Ruses concrètes qui visent à l'économie du savoir et du savoir faire :
classer et sans cesse reclasser les domaines en vue de transcender les
frontières et pour ce faire, jouer de regroupements, d'associations et
de différenciations au travers des symboles et des signes. De cela
témoigne ce que nous appelons aujourd'hui la révolution des images,
mais qui est aussi une révolution des signes et des écritures
qu'attestent les nouvelles textualités électroniques. De cela
témoignent encore les révolutions des communications modernes sous les
formes de systèmes multiples, imposant sans cesse la recomposition de
nos intelligences du monde. Ainsi le dernier mot des ruses est celui-là
: les métamorphoses de l'intelligence humaine induites par tous nos
nouveaux systèmes d'expression et de communication et faisant retour
sur ces systèmes en vue de construire de nouvelles pratiques humaines.
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